mardi 9 août 2011

Première soirée brésilienne!!!

Ambiance Lounge chez les roommates!
Mon début de vie à Curitiba était rythmé par la vie de mes trois hôtes, roommates ou couchsurfers qui menaient leur propre vie (bien entendu). Il n'était pas question qu'ils soient là 24/24 pour moi, n'étant finalement que l'invité de leur ami absent. Tous les trois parlaient anglais (mieux que moi) mais j'avais plus de facilités à comprendre l'anglais de Gisèle avec qui je discutais, par la force des choses, un peu plus. Avant de quitter l'appartement pour ma première virée en solitaire dans les rues de Curitiba, Lu m'avait invité à une " festa traditionale " le soir même. Je pensai tout d'abord qu'il s'agissait d'une soirée entre amis qui se faisait beaucoup, ici. Il fallait être prêt pour 19h mais bien sûr, le temps que les filles se préparent, ... lol. Du coup, nous sommes descendus vers 19h30 et le copain de Gisèle nous attendait en voiture. J'avais envie de dire : PARFAIT! Non, ce n'est pas qu'ils soient fainéants mais la soirée se déroulait en périphérie de la ville, la voiture était donc obligatoire. Ça m'a fait plaisir de voir que des jeunes diplômés roulent encore dans des voitures qui rivalisent avec ma petite Super 5. hahahaha. L'ambiance était amusante. À 5 dans une petite voiture, à traverser la ville, montant péniblement les côtes, doublant, pilant, etc. Nous avons ainsi dépassé un grand nombre de blocs (comme ils disent), nous éloignant toujours un peu plus du centre ville. Les buildings de quarante étages étaient maintenant derrière nous et nous pénétrions petit à petit dans o suburbio avec ces maisons plus ou moins grandes, plus ou moins bien entretenues... jusqu'à arriver devant la "zone 51 bis". En réalité, il s'agissait plutôt de ces nouvelles zones résidentielles où les classes moyennes et classes moyennes ++ se regroupaient pour vivre heureuses dans une tranquillité sans faille. Mais bien sûr cela n'existant pas à l'état naturel, il leur fallait bien trouver quelques subterfuges pour donner vie à cette béatitude. Alors, nous passâmes devant des quartiers complètement tournés sur eux-mêmes, introvertis, à l'instar des américains. Les grillages et fils barbelés étaient certes peu présents mais tellement magnifiés par de hauts murs totalement clos qu'ils finissaient par être sous la lumière en ce début de la nuit... Une vision étrange à laquelle j'aurais dû m'attendre. Le Brésil n'est pas réputé pour sa sûreté urbaine. Je m'étais pourtant très vite habitué aux barreaux aux fenêtres (un des clichés les plus fameux vendus aux estrangeiros). Encore une forteresse, limite, frontière pour séparer les individus et marquer un peu plus les différences. Le Brésil avance, pour sûr, mais le fait-il dans la bonne direction? Ou bien y -t-il une voie à prendre pour avancer " correctement "? Encore un point de vue qui manque d'objectivité... Nous roulions depuis près d'un quart d'heure et arrivions maintenant dans ce qu'ils m'ont indiqué être la zone de festivité en périphérie de la ville avec ce qu'il faut d'endroits conviviaux pour se réunir après une journée de travail. Une nouvelle transition se fit également sur chão (sol) ou estrada (chaussée). Le bitume plus ou moins lisse se transforma en nappe de pavés parsemée de nids de poule ou d'autruche pour certains. Ce qui me renvoya immédiatement au guide du routard que j'avais parcouru durant mes différents vols. Très vite en sortant des centres urbains, les chaussées développent des caractères distincts, des personnalités qui pouvaient ainsi se muer en personnages... Tout un programme. Les voitures ralentirent jusqu'à rouler au pas, se suivant comme une colonie de petites fourmis suivant un but commun : arriver au point de ralliement et de sociabilité : as festas. Les bâtiments devenaient de plus en plus originaux, copiant pour les uns les styles gréco-romains, pour d'autres s'influençant de la culture d’Amérique latine... Je fus parfois surpris par l'audace proposée, faisant fi de tous les codes d'ordre et d'harmonie que notre civilisation européenne tient tant à préserver. Mais là encore, le plaisir de la découverte dépassait les traditionnelles histoires de bon et mauvais goût. Il faut reconnaitre que cette liberté affichée met une claque à tous nos principes mais que cela ne nous fait pas de mal, bien au contraire, nous ouvre aussi les yeux sur nos défauts et notre étroitesse d'esprit et notre sens du "beau". Je commençais à sentir le plaisir de se retrouver en des lieux communs, chaleureux et festifs. Les rues se poursuivaient selon les variations de la topographie. Nous avions quitté le paysage péri-urbain et le nouveau décor ressemblait davantage aux banlieues de certaines villes étasuniennes. Non pas Wisternia Lane ni aux périphéries pauvres souvent caricaturées mais en un vaste espace incertain, sans limites franches et dans lequel je ne retrouvais pas mes repères habituels. Mais le temps me filait déjà entre les doigts. Nous avancions toujours... Soudain, nous empruntâmes une rue bordée de part et d'autre d'arbres à différentes maturités qui semblaient somnoler, légèrement ballotés par la brise du soir encore tiède. A quelques dizaines de mètres, une lueur perçait l'obscurité. Je compris dès lors quelle était notre destination. Je ne savais pas encore si nous rejoignions un groupe d'amis pour célébrer une fête traditionnelle ou si il s'agissait d'un grand rassemblement. Là encore, quelques indices me permirent de combler mes incertitudes. Un grand parking extérieur dont l'entrée simple et bosselée par le nombre de passages sous-entendait un grand nombre de convives. Une fois sorti de la voiture un détail me frappa. La forte présence d'herbe encore jeune et fraiche sous nos pieds. Ridicule me direz-vous mais en plein hiver, cela reste surprenant pour un Normand. Alors, je décidai de tourner mon regard à l'opposé, en direction du ciel... J'avais passé tellement de temps dans les airs depuis mon départ et regarder partout autour de moi depuis que j'avais posé le pieds sur le sol brésilien que j'en avais oublié de scruter l'infinité du ciel. Je pris une grande respiration en contemplant ces étoiles que je n'avais encore jamais observé. C'était grandiose. Un noir presque absolu tacheté de milliards d'étoiles formant des constellations nouvelles et cet air... Cet air qui me caressait le visage... Je sus que ces quelques mois seraient bons car je regarderais les choses avec un appétit d'enfant, souhaitant ne rien laisser passer, goûter à tout et m'y perdre comme je ne l'avais encore jamais fait. La seule question persistante était de savoir si ce nouveau monde serait à la hauteur des espoirs que je plaçais en lui... L'avenir me le dira. Quand enfin je redescendis sur Terre, nous prîmes le chemin tout indiqué. La lumière nous guidait. Herbe puis gravier suivis de pierres et de métal, puis à nouveau du gravier mais cette fois, ordonné, agencé avec quelques pieds de bambou pour créer un espace d'entrée accueillant. De-ci de-là quelques torches se consumaient et se joignaient à nos pas, se transformant en petites lucioles joueuses. Ces petites flammes en annonçaient de plus grandes. C'est ainsi que je prenais part à ma toute première festa Junina! Je découvrais, une fois les lucioles dépassées, une petite cour puis un espace couvert où la musique résonnait. Je fus d'abord agréablement surpris d'entendre une musique que je considérais alors comme " traditionnelle ". Exactement le type de musique que je m'attendais à entendre en venant au Brésil. Quelques guitares et autres instruments simples accompagnaient une voix d'homme, roulant sous un air joyeux des paroles que je ne comprenais pas mais qui faisaient tout de même sens dans cette ambiance conviviale. En fait, il n'était pas du tout question d'une soirée entre potes, à regarder un match, boire des bières et ingurgiter des litres d'alcool. Gisèle m'indiqua à nouveau avec un grand sourire qu'elle adorait vraiment cette fête traditionnelle partagée par des gens de tous âges et qu'un plaisir enfantin était présent dans le cœur de chacun. Toutes les générations étaient donc réunies ici et partageaient un ensemble de plats et de desserts traditionnels. Cela me rappela très rapidement une fameuse fête que tout enfant adore vivre chaque année. Se réunir pour fêter un ou une Sainte est, en France, tout autant surprenant que répandu: comment penser chaque fin d'année scolaire sans la si populaire Fête de la Saint Jean? Je n'ai jamais cherché à connaître l'origine de cette festivité et son implication dans le quotidien des gens mais j'en garde encore aujourd'hui de somptueux souvenirs. La nuit a sur nous un pouvoir magique qui ne se dément pas. Un temps particulier qui nous sépare des obligations de la journée... nous rendant prêts à toutes les rencontres, toutes les possibilités... j'adore! Quand nous sommes rentrés dans la salle principale, je constatai avec plaisir que certaines personnes avaient revêtues des déguisements. Je ne comprenais pas très bien le sens de ces costumes. Était-ce des habits traditionnels ou bien un thème de déguisements préalablement choisi ? Quelques minutes plus tard, je pensais pouvoir laisser mon sourire de côté mais, instinctivement, je le maintins presque fermement, visible de tous, comme pour afficher mon bonheur d'être ici avec ces gens qui ne me connaissaient pas et me prenaient peut-être pour l'un des leurs. Je ne pouvais me permettre, en cette fin de première journée à Curitiba, d'afficher une quelconque distance avec mes nouveau compatriotes. Non pas que je veuille être malhonnête, bien au contraire. Je souhaitais vraiment faire partie de cette nouvelle (grande) famille. Est-ce la manifestation, ma peur de me retrouver tout seul sur cette terre étrangère où je ne connaissais personne? Ou bien le simple plaisir de partager un moment familier sous de nouvelles variations (musicale, gastronomique, ...)? Attendons la fin de soirée pour délibérer.
Danse et habits de fête - Festa Junina - Juin/Juillet
Quelques costumes de fête
Il était désormais temps de rentrer dans la danse et débuter la dégustation de ces plats faits main. Il y avait sur une grande table tout un choix de gâteaux, pâtisseries, sucreries aux couleurs et textures nouvelles. Premier avis sur les goûts gastronomiques : pas de grand plats compliqués servis dans de la porcelaine ! Mais plutôt des plats simples, avec des produits alimentaires de base. Le pop-corn ayant une des places de choix. Une chose peu commune en France était la présence de deux grandes marmites en fer qui faisaient mijoter des plats mystère. Lu, Gisele et Ronaldo m'invitèrent à goûter ce plat dont tout le monde raffolait ici. Je m'avançais don pour découvrir le trésor et fus (encore un fois) surpris de découvrir de simples saucisses mijotant dans une sauce rouge-oranger... Ne sachant pas exactement ce dont il retournait, je regardai les autres se servir pour ne pas commettre d'impair. En réalité, ces saucisses (proches des saucisses de Strasbourg) accompagnées de la sauce se plaçaient tout naturellement dans une petit pain (brioché) pour formé un petit hot-dog brésilien. Cette première expérience du "cachorro" (petit chien en portugais) fut un coup de foudre pour l'alimentation brésilienne. De plus, le pain était de très bonne qualité contrairement à ceux que j'avais pu goûter en Italie par exemple. Il faudrait que j'étudie les modes de production des différents ingrédients ainsi que les méthodes employées par les groupes agro-alimentaires pour constater la réelle qualité des produits. Cette première impression est peut-être trop belle pour être vraie. En tout cas, ce " petit chien " était très agréable à manger et fut le premier d'une longue lignée. Les variations étant aussi inépuisables que les cultures gastronomiques régionales de tout le Brésil. Mon niveau de portugais étant proche de zéro je ne pouvais pas vraiment communiquer avec les co-locs en langue originale. J'essayai donc mon anglais et m’aperçus rapidement que j'étais vite à court de vocabulaire. Mais nous étions tous volontaires pour faire un effort. Ils me présentèrent à leurs amis qui étaient aussi présents qui étaient tout autant sympathiques et enjoués que les premiers. Ils m'invitèrent à gouter l'alcool local que je ne connaissais pas encore. Je commençais donc par une boisson très courtisée ici: la cerveja. Grand classique de tous les rassemblements ici, la Skol est la plus répandue et la moins chère... la Heinekhen locale en somme. La première gorgée très fraiche ne me surprit pas. Pas une explosion de saveurs mais une franche ressemblance à notre bière française. Je gouterai à d'autres bières plus tard, en espérant être agréablement surpris. Et puis, après une bonne bière, une bonne part de pizza. Le seul problème est qu'il n'y en avait pas ici... Je me rabatis donc sur un nouveau cachorro, qui j'avoue, se dévore comme des petits pãoes! Nous nous retrouvâmes tous dehors vers 23h00, sous le rythme toujours plus effréné de la musique. Les déguisements étaient de plus en plus nombreux et plusieurs couples dançaient maintenant accompagnés de leurs enfants qui s'amusaient quant à eux avec des petits explosifs inoffensifs. Le moment était venu de passer à un autre alcool, le plus emblématique de tous... la cachaça!!! Je retins le nom assez facilement sans savoir réellement ce dont il était question. Une des filles me conseilla de goûter une caipirinha, sorte de morito sans menthe. Le verre ne me parut pas si fort que ça mais on me conseilla un peu plus tard d'y aller tranquillement car c'est une boisson un peu traitre qui agit après coup. Le taux de sucre dissimulant fortement la quantité d'alcool... Deux verres me suffiront pour terminer la soirée... Tandis que minuit approchait, je vis plusieurs personnes s'affairer autour de la tour de bois érigée dans la cour. Je compris que bientôt une lumière chaleureuse allait émerveiller petits et grands. En France, nous avons l'habitude d'immoler la base de la construction pour que le feu se propage naturellement de bas en haut mais ici, il semble que la coutume soit d'utiliser un vieux pneu placé au sommet de la tour accompagné de drapeaux. Le feu ne fut donc pas aussi impressionnant que dans mes souvenirs d'enfance mais l'espace étant réduit, cela évita d'embraser tout le public... Nous sommes partis quelques minutes plus tard. La lune avait eu le temps de se promener un peu dans le ciel étoilé mais restait encore visible... Ma première festa Junina prenait fin mais je me promis d'assister à d'autres plus importantes de l'édition 2012. Boa noite a tudos...